Le programme de navigation demande un tirant d'eau réduit, pour pouvoir s'abriter dans des mouillages plus sûrs et aussi se tenir à l'écart de gros blocs de glace dérivant ne pouvant pas aller dans les faibles profondeurs, sans pour autant compromettre les performances du voilier aux allures proches du vent. Ce qui laisse le choix entre l'utilisation d'une dérive ou d'une quille relevable. Une quille pivotante avec un système de sécurité est moins vulnérable en cas de choc ou de talonnage accidentel qu'une quille à remontée verticale. Cependant le poids d'une quille lestée, jusqu'à 10 fois supérieur à celui d'une dérive, demande un système de relevage plus complexe et présente une plus grande inertie en cas de choc. Le voilier doit toujours naviguer avec la quille en position basse et au mouillage, lorsque la quille doit être relevée, le bateau devient très rouleur suite à la remontée importante du centre de gravité, ce qui n'est pas le cas avec un dériveur où la majorité du lest est fixe, car se trouvant dans les fonds de la coque. En grand voyage on passe en général beaucoup plus de temps au mouillage qu'en navigation.
Un des principaux avantages du dériveur est de pouvoir reculer son centre de dérive et même de naviguer en toute sécurité au portant dérive relevée, ce qui minimise le risque de se faire retourner grâce à la réduction d'effet "croche-pied" propre à une quille, et aussi de naviguer avec des mouvements beaucoup plus doux dans les mers fortes, bien agréable pour tout équipage. Si l'effet "croche-pieds" semble théorique, il suffit d'effectuer quelques empannages par bonne brise sur un Laser, ou voilier de sport équivalent, en essayant de maintenir la dérive basse pour voir la différence lorsqu'elle est relevée; une expérience vraisemblablement humide, mais mémorable !
La possibilité de s'échouer complètement volontairement avec la marée augmente non seulement le nombre de mouillages potentiels et d'abris dans des petits ports de pêche, mais aussi la faculté d'intervenir sur l'hélice ou de nettoyer la coque, sans avoir à plonger ou sortir le bateau de l'eau. Par contre le lest étant positionné plus haut sur un dériveur, celui-ci est plus important qu'avec une quille relevable donnant un bateau plus lourd. Un embryon de quille parfaitement intégré à la coque de l'Enduro 54 permet d'abaisser la position du lest, du moteur et d'une partie du gasoil et donne un centre de gravité relativement bas pour un dériveur intégral. Pour les performances aux allures serrées une longue dérive épaisse en aluminium mécano soudé au profil Naca a été sélectionnée, portant le tirant d'eau de 1m25 à 3m55 une fois en position basse.